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La théorie sociale cognitive d’Albert Bandura (partie 1)

Bandura soutient que la personnalité se développe par l’apprentissage. Ce sont la réflexion, le raisonnement et l’échange avec d’autres qui sont des composantes importantes de l’apprentissage.

L’apprentissage par l’observation

Pour Bandura, une grande partie de l’apprentissage se fait par l’observation : on apprend en observant le comportement de quelqu’un d’autre (un pair, un formateur, un tuteur…) et ses conséquences.

On apprend de nouveaux modèles de comportements et cela contribue au développement de notre personnalité. On cherche à imiter le comportement d’un modèle selon que l’on voit que ce comportement est renforcé (récompensé) ou puni. Mais en tant que Cognitiviste, Bandura se distingue des Béhavioristes en prenant en compte ce qui se passe dans la tête de l’apprenant.

En observant un autre agir, un déterminisme réciproque se met en action.

  • L’apprenant observe le comportement d’un autre.
  • Il observe si le contexte puni ou récompense le comportement observé. Il observe si le comportement est récompensé ou déviant.
  • L’apprenant va alors traiter cognitivement ces facteurs avec ses facteurs personnels : son contexte de vie professionnel, ses habitudes de pensée, son raisonnement, ses  expériences passées … Il décide si les récompenses observées sont des récompenses qui lui conviennent et donc s’il faudrait imiter (dans un premier temps) ce type de comportement, entrer dans un processus d’apprentissage pour ensuite faire « à sa façon » et être « agentif ».
  • L’entrée dans ce processus d’apprentissage ne se fait pas seule. Elle se fait avec d’autres, en coopération avec les autres. Pour Bandura, c’est en échangeant avec les autres (celui qui est observé…) que l’apprenant apprendra mieux.

L’agentivité

Au final, pour Bandura, l’apprenant, en tant que sujet, doit pouvoir s’affirmer, s’accomplir personnellement en paroles et en actes. Cela veut dire que l’apprenant ne se contentera pas d’imiter un comportement.

Il doit se sentir auteur de ses pensées, de ses jugements, de ses actions. C’est l’agentivité. « Etre un agent signifie faire en sorte que les choses arrivent par son action propre et de manière intentionnelle » (Bandura).

Pour s’approprier un comportement « à sa façon » l’apprenant respecte cinq faits qui caractérisent l’agentivité et qui font qu’il va sortir de l’imitation :

  • L’intentionnalité. L’apprenant va poser son acte de façon intentionnelle et délibérée. L’apprenant en tant qu’agent se fixe ses buts et planifie ses actions avant d’agir.
  • La créativité. Il a une pensée créative puisqu’il anticipe les évènements futurs et met en œuvre dès lors des actions visant à produire des résultats attendus et/ou d’éviter les conséquences non souhaitées.
  • L’autorégulation. Une fois ses buts fixés, l’action planifiée et mise en œuvre pour les atteindre, l’apprenant se motivera et autorégulera son action en cours pour maximiser ses chances d’atteindre ses objectifs.
  • L’autoréflexion. Enfin, l’apprenant, à tout moment de son action, réfléchit sur sa validité et sur la viabilité de ses actions, ses pensées, ses buts, sur sa façon de faire et de s‘y prendre pour les atteindre.
  • L’auto détermination. C’est la motivation, l’aspiration personnelle. Un cap qui motive l’apprenant à agir. Avoir conscience de sa liberté de manœuvre augmente son pouvoir d’agir. Mieux comprendre le système, dans lequel l’apprenant est, augmente son pouvoir d’agir. C’est accepter de soumettre ses intentions à la réalité. Savoir dans quel jeu on joue nous permet d’être plus efficace dans son action. « Ca n’est pas la technique qui est intéressante, mais la liberté qu’elle offre ; ce moment où l’on domine la règle » (Gérard GAROUSTE – peintre)

Application de la théorise socio cognitive par le formateur

L’AFEST est une approche pédagogique qui permet aussi le développement de la personnalité de l’apprenant si celui-ci est mis en situation d’observer un pair ou un tuteur en action. Le formateur-observé veille à l’application de ses enseignements en mettant l’apprenant dans son contexte particulier et dans un contexte de coopération.

L’apprenant ne va pas qu’imiter. Il va actualiser, acquérir des connaissances en faisant face à des obstacles. Il va réfléchir sur ses stratégies propres utilisées pour y faire face pour les réutiliser dans d’autres situations. C’est ce processus qui provoque le sentiment d’efficacité.

La capacité d’agir, de penser en son nom propre suppose au départ une confiance suffisante en ses propres capacités ou compétences pour réussir la tâche à laquelle on va être confronté. C’est dans l’analyse réflexive amont que cette capacité se développe et se révèle. Mais cette perception que l’on a de ses propres capacités à réussir une tâche est aussi conditionnée à ses expériences antérieures de réussites ou d’échecs, aux feed back donnés par des personnes dont le jugement compte à nos yeux, à nos dispositions psychologiques et émotionnelles.