- L’analyse du travail.
Pour Pierre Pastré la finalité de l’analyse du travail est le développement personnel et cognitif des opérateurs. La finalité seconde est de professionnaliser les opérateurs, c’est-à-dire de les rendre compétents et performants.
2. Deux approches de l’analyse du travail.
Pour Jacques Leplat, il s’agit de poser un cadre. L’analyse du travail se fait en 2 temps.
Il faut déjà analyser la tâche prescrite (“ce qu’il doit faire”) selon l’expert ou définie par le bureau des méthodes ; puis il faut analyser l’activité réelle (“ce qu’il fait effectivement”). Or, pour J. Leplat, l’activité déborde toujours la tâche. L’activité (l’action) est en effet créative. Il faut donc s’informer sur l’activité réelle.
Pour Pierre Pastré l’analyse du travail se fait aussi en 2 temps.
Dans un premier temps, il faut rechercher les concepts organisateurs car ceux-ci rendent l’action explicable et compréhensible. Ils donnent la structure conceptuelle d’une action, d’une situation de travail. Ces concepts sont les parties invariantes de la situation. Les moments critiques d’une situation sont aussi à identifier pour la rendre explicable.
Dans un second temps, il faut analyser les modèles opératifs des acteurs. C’est ce qu’on appelle l’intelligence de la tâche. C’est la manière dont chaque acteur s’est approprié plus ou moins bien la situation critique de la tâche. C’est la façon dont l’opérateur s’adapte aux circonstances. Ces sont aussi les choix des modes opératoires effectués.
Par exemple, un débutant ne s’approprie pas la situation critique de la tâche de la même façon qu’un expert.
En effet, si vous demandez à un débutant de représenter une situation de travail, il va le faire de façon académique, théorique. Si vous demandez à un spécialiste, il va le faire selon son expérience, selon sa propre vision de la situation de travail. Il représente le modèle trituré par l’action. Il ne représente pas le modèle-type de façon théorique mais selon la façon dont il se comporte quand il est confronté à la situation et en fonction du but qu’il se donne pour agir.
On conceptualise donc une situation de travail de deux façons : de façon théorique et de façon pragmatique.
3. Deux types de tâches selon Pastré.
Pastré identifie deux types de tâches. La tâche taylorienne. Celle dont on fixe le but et les modalités à utiliser pour agir (les modes opératoires).
La tâche discriminatoire. Le but est fixé mais la manière dont l’acteur va s’emparer de la façon d’agir est livrée à sa totale discrimination (on ne lui dit pas comment faire). Certes, les concepts organisateurs sont donnés mais ce sont les modèles opératifs qui sont les plus importants.
Les indicateurs sont aussi importants à identifier ; Les indicateurs c’est ce que regarde l’opérateur dans il agit et qui vont impacter ses décisions. Il est intéressant de savoir quelles informations collecte l’opérateur en situation de travail ?
4. L’analyse réflexive.
L’analyse réflexive relève de la méta cognition c’est à dire de la cognition qui vient après.
Face à une situation critique, difficile où on est désorienté ; on ne peut plus faire les choses comme à l’habitude. On ne peut pas simplement appliquer les bonnes procédures car elles produisent l’effet inverse. Après coup, il est intéressant de revenir sur ce qui s’est passé.
Pour Pierre Rabardel, quand j’agis, je produis, je transforme le réel. Puis, j’acquiers de l’expérience (je me construis). Cette activité constructive se déroule longtemps après l’action. C’est une véritable activité d’apprentissage.
Cette activité d’apprentissage se décompose en fait en 3 moments :
- une activité productive (où je fais, je produis),
- suivie d’une activité constructive (où j’acquiers de l’expérience),
- suivie d’une activité cognitive (où j’identifie la façon dont s’est organisée mon action. Où j’étudie mon action sur les moments critiques. Où je repère les indicateurs que je suis quand j’agis).
Ce qui veut dire que quand on agit on apprend.
Il existe un lien entre ces 3 activités :
- L’activité est liée à l’apprentissage et au développement personnel.
L’analyse réflexive est une séquence qui suit l’action réalisée.
L’opérateur interviewé a vécu une expérience. Il a un vécu (c’est son activité productive).
L’analyse réflexive va consister à obtenir de lui, dans un premier temps, un récit et une intrigue. Il va donc devoir raconter pour rendre intelligible le moment vécu et pour que l’intervieweur comprenne l’évènement. Il faut lui faire reconstituer les évènements du début à la fin. Ou plutôt, il va falloir reconstituer l’intrigue en démarrant par la fin et en remontant un à un les évènements découpés en épisodes. On collecte les FAITS.
Dans un second temps, il faut analyser les moments critiques de la tâche. Le but étant de préparer le modèle opératif. L’objectif est de savoir comment l’opérateur a agi aux moments critiques. On regarde si l’opérateur a compris ce qu’il faisait.
On agit par auto confrontation de l’apprenant :
- 1er niveau de question : « A quoi s’attendait-il ? ». Où plutôt on cherche à savoir quelles étaient ses ATTENTES à ce moment-là de l’action ?
- 2nd niveau de question : « Que trouve-t-il ? ». Où dit autrement, on confronte les ATTENTES aux FAITS.
On confronte les réponses : “Si …, alors …”. Si ce raisonnement conditionnel est validé, alors il est vrai.
Si ce raisonnement n’est pas validé alors il est faux et donc il y a un problème. Les ATTENTES ne se retrouvent pas dans les FAITS. (Voir notre article « la psychologie cognitive – le raisonnement – Partie 6).