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Le constructivisme selon J. Piaget

Jean Piaget (1896 – 1980) s’oppose aux Behavioristes. Pour lui, c’est en réfléchissant sur son expérience que nous construisons notre vision personnelle du monde.

  • Cycle assimilation accommodation

Piaget considère qu’un sujet a ses propres schèmes opératoires (ou structure cognitive). Il appréhende, comprend une situation en captant des informations qu’il perçoit de celle-ci et les intègre dans son schème opératoire. C’est le principe d’assimilation.

Puis, si une situation nouvelle appartenant à la même classe de situation se présente à lui, il peut se trouver déstabiliser, en conflit cognitif. Il va alors modifier se structure cognitive en y intégrant de nouveaux éléments perçus de la nouvelle situation pour s’accommoder à celle-ci et se re-stabiliser.  C’est le principe d’accommodation.

Cette capacité à s’accommoder fera l’objet à son tour d’une nouvelle assimilation. Le sujet enrichit sa structure mentale de sa capacité à s’être accommodé.

L’adaptation est la capacité à fonctionner selon ce cycle en boucle Assimilation / Accommodation / Assimilation.

La compréhension de l’environnement (notre vision du monde) est liée aux expériences rencontrées et au cycle Assimilation / Accommodation / Assimilation et donc à une activité mentale.

Le rôle de l’erreur est essentiel dans l’apprentissage du sujet car ce dernier s’ajuste constamment aux réalités nouvelles qu’il rencontre. Il tire profit ensuite des expériences réussies mais aussi des « ratés ».

En formation continue, l’approche pédagogique AFEST (Action de Formation En Situation de Travail) est une déclinaison opérationnelle du constructivisme grâce à la programmation de cycles « Observations en situation de travail / Analyses réflexives ».

. Approche épistémologiste du constructivisme.

Ou, comment se structure successivement les connaissances au cours du développement cognitif de l’individu ?

Nous connaissons tous le tableau « Ceci n’est pas une pipe » (série La Trahison des images, 1928-1929) du peintre surréaliste Magritte qui déclarait : « La fameuse pipe, me l’a-t-on assez reprochée ! Et pourtant, pouvez-vous la bourrer ma pipe ? Non, n’est-ce pas, elle n’est qu’une représentation. Donc si j’avais écrit sous mon tableau « Ceci est une pipe », j’aurais menti ! ». La peinture n’est jamais une représentation d’un objet réel, mais l’action de la pensée du peintre sur cet objet.

Dans l’approche constructiviste, l’apprenant a sa compréhension de l’environnement (notre vision du monde) liée, entre autre, à ses propres expériences rencontrées. L’environnement, la situation de travail que décrit l’apprenant (notamment lors des analyses réflexives lors d’AFEST) relève de sa propre perception. Ca n’est jamais la réalité. La réalité de la situation de travail passe par le filtre de son « appareil » à connaitre, à capter des images. Elle passe par son système perceptif qui joue le rôle d’un premier filtre.

Nos sens et notre raison formatent les données du réel et en sélectionnent des éléments au détriment d’autres. La réalité est perçue par nos sens et notre raison. Nous ne percevons des situations que des phénomènes c’est-à-dire des choses appréhendées par notre système cognitif et nos sens.

En AFEST, il y a donc obligatoirement un temps d’observation de la situation de travail et un temps de connaissance de celle-ci lors de l’analyse réflexive. Lors d’une analyse réflexive, pour permettre à l’apprenant de représenter la situation de travail réelle et donc de « dire » ce qu’il connait de celle-ci, nous lui demandons une mise en ordre et une organisation de la situation de travail vécue par lui-même.

La connaissance est donc inséparable de l’observateur. Il est conseillé lors d’AFEST que l’intervieweur lors des analyses réflexives soit aussi l’observateur de la mise en situation de l’apprenant.

La réalité n’est donc accessible que par notre construction mentale. Ce qui supposerait que tout est relatif ?

Application de la théorie Constructiviste par le formateur

Rappel : pour apprendre, on a besoin du concret. L’apprentissage est une construction personnelle car pour les constructivistes l’apprenant est actif sur le plan cognitif.

Le formateur identifie des situations réelles complexes que vit l’apprenant dans la réalité.

A partir de là, il crée des situations d’apprentissage reconstituées au plus proche de la situation réelle que vit l’apprenant ou il intervient directement dans la situation réelle de l’apprenant.

La situation de mise en application est une situation à problème, inconfortable, déstabilisante. Elle va devoir déséquilibrer l’apprenant.  

Dans cette situation d’apprentissage « à problème », réelle ou reconstituée, l’apprenant va manipuler l’information et élaborer sa propre construction. Il va devoir résoudre le problème et surmonter la difficulté. Il va peut-être commettre des erreurs.

Le formateur va observer l’apprenant agir. Si l’apprenant dispose déjà de connaissances pré acquises utiles pour agir, le formateur va les exploiter pour l’aider, le guider à construire ses nouvelles connaissances, à aplanir ses difficultés.

L’erreur commise par l’apprenant sera une source d’information pour le formateur qui le renseigne sur l’état des connaissances acquises par l’apprenant, sur le niveau de développement cognitif de celui-ci.

L’erreur permet au formateur et à l’apprenant de comprendre et de construire les apprentissages suivants.

Idem pour la réussite qui est une source d’information pour comprendre pourquoi l’apprenant agit efficacement.